COURS A DISTANCE A L’EDM « SAISON 2 »

Face à ce second confinement, l’équipe pédagogique de l’EDM était davantage préparée.
Tous les enseignants se sont mobilisés et ont su gérer les contraintes et ressources nécessaires afin
d’assurer une certaine continuité pédagogique. 

Voici quelques témoignages de professeurs qui expliquent comment ils parviennent à maintenir le lien avec leurs élèves et expriment leur ressenti devant la situation actuelle qui, nous l’espérons tous, restera temporaire.

Boris SENON, enseignant en batterie et  Musiques Actuelles Amplifiées (MAA) :

« J'ai décidé de continuer à donner les cours de batterie en visio en maintenant les créneaux habituels. Ainsi, les élèves ont conservé leur emploi du temps d’avant confinement, ce qui facilite l'organisation pour tout le monde.
J'ai envoyé des invitations aux élèves pour rejoindre la « salle de visioconférence », principalement via l'application « Jitsi ». A l'heure de leur cours, ils se connectent et nous échangeons comme d'habitude, à ceci près que le jeu simultané n'est pas réalisable en visio pour des raisons de synchonisation et de délai des signaux. La première semaine nous avons rencontrés de nombreux problèmes techniques qu'il a fallu régler pour que la situation soit plus confortable la semaine suivante.
La problématique principale réside dans  la grande diversité des équipements informatiques disponibles au domicile des différentes familles. Certaines ont de bonnes connexions internet, pour d'autres c'est plus complexe et nous devons donc obligatoirement utiliser un smartphone pour la visio. De mon côté, j'ai la chance d'avoir un home studio à la maison. J'ai ainsi pu mobiliser du matériel personnel et professionnel pour faire en sorte que mes élèves puissent me voir et m'entendre avec une bonne qualité sonore, tout cela sans créer de nuisances pour ma famille et mes voisins !

Une configuration idéale donc, ce qui n'est pas le cas pour tous les collègues...
Les cours sont maintenant bien lancés et je suis globalement satisfait des interactions hebdomadaires avec les élèves. Je pense qu’ils sont contents de pouvoir continuer à suivre leurs cours à distance et c'est justement ce retour positif qui fait que je reste motivé bien que la situation soit bien plus difficile à gérer qu'en temps normal.
Il me semble tout de même important de préciser que ces rendez-vous ne sont évidemment pas aussi profitables à l'élève qu'un cours en présentiel. Le jeu simultané n'est pas possible et la qualité sonore produite par les équipements standards des familles ne permet pas de restituer et de travailler  la finesse du jeu instrumental (l'instrument est même parfois quasi inaudible).
D'autres élèves ne disposent pas de batterie à la maison et il a fallu trouver des solutions un peu rudimentaires comme l’a imaginé un de mes élèves qui, faute de batterie, a transformé un vieux dictionnaire en pad d’entraînement pour les cours en visio !
Pour conclure, la visio est donc une solution correcte… en attendant un retour à une situation plus normale.
Pour les cours collectifs de MAA, la difficulté est plus grande, les interactions entre musiciens étant centrales lors de ce cours alors que, précisément, la visio ne permet pas un jeu en simultané. J'ai donc décidé de profiter de cette situation inédite pour inviter mes élèves à développer des capacités dans le domaine de la musique assistée par ordinateur (MAO).
A l'aide de l’application gratuite « Bandlab », les élèves guitaristes électriques, chanteurs, batteurs, bassistes et claviéristes ont pour objectif d'enregistrer leurs productions sur la base des morceaux que nous avions abordé avant le confinement. Ce logiciel a l'avantage de présenter toutes les fonctionnalités classique d'un logiciel d'enregistrement tout en étant gratuit, accessible utilisable directement en ligne (aucune installation requise) et collaboratif. Il fonctionne par ailleurs sur les différents supports (ordinateur, tablette, smartphone). J'ai donc créé pour chaque élève une piste témoin qu'il doit réenregistrer lui-même à la maison.

L'enregistrement est un travail très formateur et, plus-value significative en termes de motivation, elle permet aux élèves de disposer à la fin de ce travail d’un mixage global du morceau joué par l'ensemble des musiciens du groupe, un chouette souvenir de cette période moins chouette !...

Pour mettre en place cette démarche, j'ai contacté les familles la première semaine pour les accompagner dans la mise en place d'une installation permettant l'enregistrement avec le matériel disponible à la maison… Ce qui a constitué une rude épreuve car il a fallu que les élèves, parents  et moi-même nous nous armions de patience pour résoudre les différents soucis techniques. Les élèves enregistrent donc leur travail et chacun reçoit une notification lorsqu'un des musiciens a avancé sur le projet. Chaque semaine, sur le temps de cours habituel je contacte tous les élèves de chaque groupe pour faire le point sur leur avancée, régler d'éventuels problèmes techniques et fixer de nouveaux objectifs. Il n'est pas toujours simple de répondre à toutes les interrogations sur la durée du créneau imparti habituellement à ces cours
collectifs et je prends souvent du retard...
Si les cours en distanciels devaient perdurer, j'envisage d’initier mes élèves aux techniques de mixage et de traitement audio à partir des titres enregistrés. Chacun devra produire un mixage personnalisé. Je vais aussi certainement prévoir des commentaires d'écoute et blind-tests en visio.

Lijing MA, enseignante en piano :

Durant ce deuxième confinement, j'ai pu maintenir tous mes cours de piano à distance sur les horaires habituels des élèves. Grâce au smartphone et au PC professionnel, j'utilise principalement l'application Skype (qui  permet aussi bien une connection PC que smartphone) mais aussi WhatsApp et Google Duo pour 5 élèves qui n'ont pas de compte Skype.
J'enregistre également des vidéos et des audios selon les besoins des élèves, en complément des cours réguliers. Les vidéos et les audios sont envoyés via Wetransfer ou l'application dont dispose l’élève.

J'ai pu également pu bénéficier de la formation "l'enseignement à distance" début novembre, qui m'a permis de découvrir d'autres moyens de communication et de pouvoir utiliser des outils tels que Padlet, une chaîne Youtube privée. Je suis en train de les tester.

L’expérience du premier confinement a permis aux familles d’être réactives dès le premier cours à distance lors du second et d’en accepter le principe. Certaines ont même investi dans un nouvel abonnement internet à haut débit, ce que j’ai fait aussi, et la connexion a plus de fluidité que la dernière fois. 

Cependant, il est plus difficile pour les pianistes débutants, qui n'ont bénéficié que de 5 ou 6 cours depuis la rentrée de mi-septembre, de suivre les cours à distance avec le peu de base pianistique installée. J'ai aussi 2 élèves qui ne disposent pas d’instrument à la maison. Pour eux, nous faisons le cours de piano sur leur mélodica, acheté pour cours de formation musicale.

Victor PINÇON, enseignant en Formation Musicale :

Contrairement à ce que laisse penser l’adage, les confinements se suivent mais ne se ressemblent pas !
L’amélioration de mes conditions d’accès au réseau m’a permis de proposer à l’ensemble de mes élèves de formation musicale des cours collectifs en visioconférence à l’horaire habituel de leur séance. Bien que derrière un écran, dans des conditions techniques souvent difficiles, la visioconférence permet de maintenir un semblant de normalité, au rythme des cours hebdomadaires.

Seulement, la visioconférence ne permet de faire de la musique ensemble et c’est un véritable crève-cœur que de devoir renoncer à ce qui fait, selon moi, l’essence-même de la pratique musicale. Par conséquent, les contenus des cours sont nécessairement adaptés au format à distance et s’appuient davantage sur l’écoute ou encore la lecture de partitions.
Pour les cours d’éveil et de jardin, je réalise chaque semaine une vidéo contenant plusieurs activités musicales à réaliser en famille. Chansons, comptines, fabrication d’instruments… Tout est fait pour permettre aux enfants de conserver un lien avec l’univers du son. Ce travail est extrêmement stimulant puisqu’il s’agit de proposer des activités musicales réalisables avec le matériel dont chacun peut disposer à la maison (instruments en papier, etc.). Au fil des vidéos, je deviens plus sensible aux enjeux de montage ou de rythme, afin que la forme serve au mieux le fond.

Enfin, pour le cours de chorale adulte, les musiciens ont accès à des dossiers contenant les paroles ainsi que des enregistrements des parties séparées des morceaux pour pouvoir les travailler inividuellement. Je n’ai pas, pour le moment, pu mettre en place de travail en visioconférence avec ce groupe.
Pour conclure, ces solutions numériques sont un moindre mal pour conserver un lien avec les élèves musiciens. Cette période permet de souligner une fois de plus combien les liens humains et les interactions en face à face sont absolument indispensables à l’apprentissage et à la pratique de la musique à tout niveau.

Martin QUESSON, enseignant en violon :

Les « visio-cours » de violon se sont substitués en bonne partie au face-à-face pédagogique traditionnel. Alors oui, cela me permet d’honorer mes cours, de veiller à la motivation et à la progression de mes élèves. J’en profite pour saluer la coopération des parents d’élèves, qui rendent d’abord ce moment de cours possible, matériellement, et qui font de leur mieux pour maintenir le lien pédagogique, essentiel à l’apprentissage de leurs enfants.
Mais le son d’un violon dans un smartphone n’est pas de qualité. Et puis, pour accorder les violons à distance, c’est compliqué, parfois impossible… Il y a une frustration à ne pas pouvoir manipuler les instruments, à ne pas pouvoir les régler. Parfois, on rencontre des problèmes de connexion qui expriment les limites d’Internet, quand l’image est saccadée, voire figée, ou encore décalée avec le son...

Je travaille également pour l’ensemble de mes élèves à l’élaboration de tutoriels vidéos qui constituent un autre support de transmission pédagogique, complémentaire aux visios. L’intérêt de ces montages de type « didacticiels » est qu’ils constituent une ressource consultable en ligne à n’importe quel moment, par simple clic. Ces enregistrements offrent des qualités d’image et de son bien supérieures aux cours en visio.

Et puis il y a les grands perdants de ce confinement, pour lesquels je me sens démuni, ce sont les orchestres. Même si les montages mosaïques de rassemblements fictifs de musiciens foisonnent sur la toile, ils ne permettent aucunement de les réunir ensemble pour jouer et partager la musique. Quand nous sortirons de cette crise sanitaire, nos orchestres reviendront en force, animés par une soif décuplée de partage et d’échange avec les Charentais! J’ai une pensée particulière pour les musiciens de l’orchestre à cordes « Arco&Co » et pour les élèves de l’Enfanfare de Villebois-Lavalette.
Enfin, les activités connexes et intrinsèques au métier de musicien, notamment les concerts publics dans les salles culturelles charentaises, sont à l’arrêt. C’est un vrai crève-cœur d’annuler des concerts, et j’ai tristement conscience du désastre culturel national que cause le confinement pour les artistes et leurs publics.